Février 2025 – Un mystère élucidé au musée

Le musée de la Chartreuse à Douai a dévoilé récemment une peinture redécouverte au fond de ses réserves et signée de Lavinia Fontana, l’une des plus importantes artistes de la Renaissance italienne alors que le tableau était attribué jusque-là, par erreur, à un Flamand.

La récente découverte d’un tableau de Lavinia au musée de Douai est un évènement majeur pour le monde de l’art, et plus particulièrement pour la reconnaissance des femmes artistes de la Renaissance. Cette œuvre, dont la présence était, jusqu’alors insoupçonnée, enrichit considérablement les collections du musée et offre une nouvelle perspective sur le talent exceptionnel de cette peintre bolognaise.

Lavinia est née à Bologne en 1552 et décédée à Rome en 1614. Elle fut l’une des rares femmes de son époque à connaitre une carrière artistique florissante et reconnue. Fille du peintre Prospéro Fontana, elle fut formée dans l’atelier paternel et développa un style personnel, marqué par la finesse des détails, l’éclat et une grande expressivité des personnages. Elle excella dans les portraits, mais réalisa également des scènes religieuses et mythologiques, brisant les conventions de son temps qui limitaient souvent les femmes artistes à des genres moins prestigieux. Elle a reçu des commandes des papes Grégoire XIII et Clément VIII et est la première femme peintre élue à l’Académie de Saint-Luc, à Rome alors réservée uniquement aux hommes.

À 25 ans, en 1577, Lavinia Fontana épouse un peintre mineur, Gian Paolo Zappi d’Imola, qui arrête sa carrière pour devenir son assistant. Après son père, son mari lui trouve ses commanditaires, diffuse et vend ses œuvres. Il aurait élevé leurs 11 enfants…

La mise en lumière de ce tableau, à Douai, est d’autant plus significative qu’il s’inscrit dans le mouvement actuel de revalorisation des artistes féminines, longtemps sous représentées dans les musées et les histoires de l’art. Cette découverte permet non seulement, d’admirer une œuvre inédite de Fontana mais aussi de rappeler l’importance de son rôle dans l’art de la Renaissance italienne.

La découverte est le fruit d’un programme d’étude et de restauration de la collection de peintures italiennes, lancé l’an dernier par le musée, avec l’appui d’un comité scientifique composé d’experts. Parmi eux, Philippe Costamagna, conservateur des musées Fragonard et spécialiste de l’art florentin et romain, a repéré cette toile dans les réserves.

« On me dit “c’est un tableau nordique”, je dis “non, c’est un tableau italien, d’esprit bolognais de A à Z. Tout y renvoie : la petite fille avec les petites fleurs, les empattements dans le col, dans la manche… », raconte-t-il à l’AFP.

« Le tableau est dans un état formidable, il n’a pas été mal restauré par le passé, donc il n’est pas dénaturé. La restauration va le magnifier », assure Philippe Costamagna. Jusque-là attribuée au peintre flamand de la Renaissance, Pieter Pourbus (1523 – 1584), l’œuvre a donc finalement été réattribuée à Lavinia Fontana.

Lavinia Fontana est de quarante ans l’aînée d’une autre grande figure de la Renaissance, Artemisia Gentileschi (1593 – vers 1656) rare femme peintre adulée dans toute l’Europe de son vivant, qui fait l’objet d’une rétrospective au musée Jacquemart-André à Paris.

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